
Carnets de voyage
du 14 au 16 novembre 2014

Focus sur Françoise Burdinat
Madame le Commandant
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Bourlinguer entre les Comores et Madagascar, c'est toute sa vie
Sur le Soléa, cargo 33 mètres de long présentement amarré au port de Mahajanga, on ne dit pas « Mon Commandant » mais « Madame le Commandant ». Plus affectueusement « Madame Françoise », car on l'aime bien la patronne. Quitte à faire démentir la légende qui veut qu'une femme sur un bateau, ça porte forcément la guigne... Aujourd'hui, c'est un gros chargement de voitures, de matelas, de légumes et de meubles que le Soléa doit amener aux Comores, de l'autre côté du canal du Mozambique. « Commandant Soléa », de son vrai nom Françoise Burdinat, est très impatiente de faire bouger ses trois-cents tonnes d'acier « que j'ai achetées avec mes économies » précise-t-elle.
A soixante-deux ans, elle est bien décidée à bourlinguer aussi loin que le vent la portera. Géographe de formation, chercheuse au Dymset/CNRS, elle a rompu les amarres très tôt. D'abord en faisant le tour du monde sur un petit voilier. Habile à la manœuvre, elle commence par être embauchée sur des cargos, puis elle décide de suivre une formation à New York où elle décroche son brevet de commandant de bord dans les années quatre-vingt-dix.
Et c'est là, au hasard d'un convoyage humanitaire qu'elle a organisé, que Françoise Burdinat découvre les Comores, l'autre grande passion de sa vie (bof, passion refroidie...). Elle y restera trois ans. Le temps de reprendre la direction de l'Alliance française, d'Anjouan, une ruine endettée. Son contrat terminé, la perspective d'une vie bien rangée de fonctionnaire l'attend à Paris. Mais l'appel du large est toujours là. En 2008, elle décide de vendre tous ses biens pour acheter le Soléa « un cargo qui attendait repreneur dans un port d'Ecosse ». Retour eux Comores où elle fonde sa propre compagnie maritime.
Extrait d'un article paru dans le mensuel malgache « No comment » n°2 de novembre 2011.
« La mer n'est jamais injuste, elle n'a pas de préférences »
Comment avez-vous découvert la navigation ?
Françoise Burdinat : Sur le voilier de mon père à trois ans... Ce ne fut pas une révélation, car j'ai toujours navigué. Mais l'envie d'aller de port en port sur un petit cargo est venue plus tard. Elle m'a taraudée durant des années, des dizaines d'années.
Pourquoi vous êtes-vous lancée dans une entreprise de cabotage ?
Après des années de compétition, puis de croisières au long cours, la voile ne me semblait plus être « la vraie vie ». J'avais envie d'être acteur et non plus simplement spectateur.
La Mer agit sur vous comme un aimant....
C'est vrai. En mer, rien ne peut plus vous atteindre venant de la terre, mais la mer exige une vigilance de chaque instant. La mer n'est jamais injuste, elle n'a pas de préférences. On ne se mesure pas à elle, la notion de « pouvoir » n'existe pas. Et puis chaque départ, chaque arrivée...
Le documentaire présenté cette année, tourné par Denis Buttner, raconte votre parcours de Commandante. Comment est née l'idée de ce documentaire ?
J'avais rencontré Denis Butiner quelques années auparavant, quand je dirigeais l'Alliance française d'Anjouan aux Comores. Il réalisait un film sur les essences et les parfums. Puis Denis m'a proposé ce beau projet. Il est resté trente-huit jours à bord et a tout de suite sympathisé avec l'équipage jusqu'à faire oublier la raison de sa présence.
Quels sont vos projets ?
Trouver un petit cargo mixte, fret et passagers, et caboter le long de la côte ouest de Madagascar.
Rencontres
Samedi 15 novembre de 10h à 11h30 : film dans l'amphithéâtre
Diffusion du documentaire « Bonjour Madame le Commandant » de Denis Buttner, suivie d'un débat en présence du réalisateur et de Françoise Burdinat.
Dimanche 16 novembre : Rencontre au sein de l'espace écrivains